je t aimes papa
Des trous de plus en plus profonds se creusent dans ta mémoire.
Des trous qui se remplissent de peurs, présentes ou passées,
De plaies jamais guéries.
Des trous qui délogent les interdits et les normes,
d’où émergent Des élans de vérité.
Cette vérité commune à tous quand les masques Ont fondu.
Vérité nue, crue, intolérable, parfois cruelle.
Vérité qui aime et déteste sans contrainte.
Ce que la raison camoufle, l’Alzheimer Le fait éclater
Au grand jour.
L’inconscient se lézarde.
Les blessures enfouies refont surface.
Les photos flétries reprennent vie, comme les rêves
révèlent ce que nous taisons Le jour.
Le temps passé devient présent.
Et Le présent n’est que l’instant.
ta raison déraisonne.
TU es Le délinquant de la comédie humaine.
Le coeur NE fait pas d’Alzheimer.
Il capte l’émotion et oublie l’événement.
Saisit l’essentiel et néglige l’accessoire.
Sent la fausseté Des gestes et Des paroles.
Fuit Le pouvoir et réclame la tendresse.
Plus je partage ta vie, plus je sens Des trous
Tout aussi profonds à l’intérieur de moi.
On te dit confus et pourtant, à Notre insu,
TU reflète crûment tes parts d’ombre et de lumière.
Deviennent Mon propre miroir: miroir de mes peines
camouflées, de mes désirs enfouis, de mes fantaisies
réprimées, de ma liberté aux ailes cassées.
Je t aime papa.
TU as Le mal de ton enfance comme on a Le mal du pays.
TU cherches, cherches.. Dans ton monde
TU te sens bien et nous impuissants en te regardant
Dans ton regard je vois la détresse de NE pas être compris
de chercher des objets ou des mots mais papa sache
que je t aimes